Muriel Dussault

J'avais acheté une maison qui me coûtait trop cher. C'était la honte et j'ai fais une dépression. J'avais peur. Je n'avais même plus de quoi manger. Je ne devais pas avoir honte, car je suis loin d'être la seule dans cette situation. Maintenant, ça va bien mieux!
C’est une longue histoire, moi je pourrais parler toute la journée. Mais… en gros, je me suis acheté une maison, et c’est ça qu’il y aurait peut-être pas fallu. Si la madame à la banque avait pris avec moi un papier, un crayon, puis qu’on avait tout calculé, elle ne m’aurait jamais donné l’hypothèque.
Et c’est là que le trouble a commencé, parce que ma maison à St-Hippolyte, dans la forêt, un château, c’est une cabane, il y a besoin de réparations, il n’était pas cher, mais pour moi c’était le paradis… Et je n’avais aucune idée là… C’est ça, ça coûtait tellement pas cher, ça coûtait — elle me coûtait vraiment moins chère qu’un logement, fait que j’ai dit : « C’est bien parfait, il y a pas de problème ». Mais j’avais une fosse septique à faire vider aux trois mois, je ne savais pas ça, faire déneiger, on a pas le choix de faire déneiger, bon, c’est 500 $ par année, ce n’est pas énorme, mais c’est encore plus, fait que… Le déneigement, la fosse septique, j’étais chauffée à l’huile, ça je ne connais pas ça, je ne connaissais pas ça, c’est terrible ! C’est ça qui m’a scié les deux jambes.
À cette époque-là, j’avais, ma fille était mineure, donc j’avais des allocations familiales. Alors, il faut une auto, on a pas le choix. Puis un auto, c’est toujours brisé, alors encore là, je mettais des 2-300 $ sur l’auto, puis un 500 $, puis deux mois après, un 200 $, puis là elle marche plus. Alors j’ai été… je voulais pas m’endetter avec une carte de crédit à 20 %, une marge de crédit, ça coûte presque rien, fait qu’au lieu de m’endetter de 3-4-5000 $ pour réparer l’auto, bien j’ai été en chercher une à 10 000 $. Et puis là, bien j’avais encore un petit peu de dettes, fais qu’on a mis ça sur l’auto, fais que là je me suis ramassée avec une autre dette, mais ça n’allait, ça n’allait, ça n’allait pas pantoute . Fait que les années — ça a juste roulé tranquillement pas vite comme ça puis je me disais bien à un moment donné : « ça va aller mieux ». Je me cherchais une deuxième job, j’avais un bon travail, mais j’avais vraiment beaucoup trop de dépenses. Et puis ma fille a eu 18 ans, plus d’alloc, hi là j’ai planté, j’ai planté, j’ai planté ! Ce n’est pas plus compliqué que ça, j’ai vraiment planté. Le chauffage, la fosse septique, l’hypothèque, l’auto, c’était trop pour un salaire…. 
– Muriel Dussault